Faire quatre ans d’études pour devenir ingénieur agronome et renoncer au diplôme en dernière année, c’est tout un symbole. « Ça germait depuis un moment dans ma tête, ce besoin d’une rupture » : Hugo refuse d’intégrer un système contraire à son éthique.
Mais son projet professionnel reste le même : produire et transformer à son compte. Être fils d’un agriculteur et d’une agricultrice, grandir à la ferme, ça sensibilise tôt à l’entrepreneuriat : « J’ai toujours entendu parler de gestion, d’investissement. »
Alors en 2021, après un stage en boulangerie bio, quand Hugo « rencontre un vieux four à pain dans un village » du Sud-Ouest, il fonce. Depuis, il est revenu dans son Trégor natal et continue : « je veux avoir les mains dans la pâte et les pieds sur terre, nourrir les gens ».
D’une CAE dans les Landes, il passe à celle des Côtes d’Armor. « Pour le lancement, c’est confortable ». Grâce à ce choix, il conserve ses droits auprès de Pôle Emploi, développe tranquillement sa clientèle, bénéficie d’une protection sociale en cas de blessure et d’un accompagnement pour sa comptabilité. Ce qui aide aussi, c’est « le fait de savoir que quelqu’un répond quand j’ai des questions. »
Avec son activité de production, l’artisan a son réseau local dans les milieux paysans et boulangers au feu de bois et au levain. Pour autant, « c’est essentiel le regard extérieur ». Dans la coopérative, il a « été surpris par le côté humain, les échanges simples » avec les entrepreneur·es et l’équipe d’appui. « La sensation de ne pas être seul, de faire partie d’un bateau qui avance bien, qui est intelligent », ça donne de l’assurance.
A 25 ans, il a pu vite se rémunérer : et après ? « Je ne suis pas pressé, j’ai envie d’une certaine qualité de vie, de temps pour moi et les gens autour ». Il se projette quand même, animé par ses valeurs… Peut-être produire sa semence, être paysan-boulanger ? Ou créer avec des pairs une SCOP, ce statut « puissant, qui participe à la légèreté du monde » ? Il explique : « quand on travaille on a son salaire, quand on arrête on transmet. La vie circule : les vieilles et les vieux partent sereinement, les jeunes commencent sans un poids financier énorme sur les épaules ».
Hugo Bourges
En terre de Vie
Boulangerie naturelle au feu de bois
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Rédaction : La Souffleuse de Mots – Claire Imbert – 06 25 44 97 33